Commune de Rivière-Pilote
Petite commune agricole à l’écart de la route du sud, Rivière-Pilote n’en est pas moins rebelle. Jadis refuge des nèg-mawon, elle fut aussi le foyer de l' »insurrection du Sud », en 1870 et reste aujourd’hui un farouche bastion indépendantiste.
Commune du littoral méridional, elle est située à distance des principaux axes de communication, depuis la construction du pont au-dessus de la mangrove dit « trou au diable » qui permet d’atteindre les plages du sud sans traverser le bourg. A mi-chemin entre Le Marin et Sainte-Luce, la commune se trouve à 21 km de Fort-de-France.
Au sud, avant d’arriver dans la commune voisine du Marin, une plage paisible, son écomusée (sur l’ancienne distillerie Ducanet), sa caserne militaire discrète, le site bien aménagé (restaurant, douche, wc) de l’Anse Figuier offre une vue imprenable sur le rocher du Diamant et la dame couchée du Morne Larcher. Par temps dégagé, on distingue Sainte-Lucie au sud.
Vers le nord, la commune, s’étend et s’élargit, passant par de nombreux hameaux (Bas Mangot, Débat, Josseaud, Lourdes, Mare Capron, Marie Noire, Poirier, Ravine Acajou, La Renée, Saint-Vincent…). Les points culminants de la commune sont le morne Honoré (388m), au nord-ouest, le morne Vent (377m) et le morne Aca (262m) sur la presqu’ile de la pointe Borgnesse.
Histoire
Il faut remonter loin dans le passé de la Martinique pour trouver trace des premiers habitants des lieux, les Arawaks, qui étaient installés sur le site de l’Anse Figuier. Il en furent délogés par les Kalinas (guerriers Caraïbes). Bien plus tard, l’un de ces chefs Caraïbes, nommé Pilote, s’installa entre l’Anse Figuier et le quartier Poirier, près d’une petite rivière.
C’est en 1635 que les premiers colons s’établirent tout au long de la côte ouest de la Martinique, du Prêcheur à Fort-Royal. Puis, petit à petit, l’occupation du Nord s’est amorcée tout en chassant les Caraïbes vers les côtes du Sud. Les Jésuites, qui souhaitaient convertir les Caraïbes, s’installèrent en 1665 à l’embouchure de la rivière. Six ans plus tard, en 1671, on pouvait trouver tout près, une église et une plantation qui formèrent la paroisse de Sainte-Luce. Celle-ci constitua une partie du territoire de Rivière-Pilote tandis que l’autre était le village du Marin.
Les hommes voulant conquérir l’intérieur des terres, quelques-uns d’entre eux remontèrent la rivière et s’installèrent à l’emplacement actuel du bourg de Rivière-Pilote. Le village compte alors une douzaine d’habitants avec leurs familles et leurs esclaves. En 1693, les Anglais débarquent au sud de la Martinique et dévastent Sainte-Anne, Le Marin et Sainte-Luce.
En 1705, la paroisse de Rivière-Pilote voit le jour en se détachant de Sainte-Luce, elle compte alors une soixantaine d’habitations. La commune de Rivière-Pilote, créée dès 1837, a toujours eu une tradition d’indépendance et de refuge pour les rebelles et les nègres marrons. L’insurrection du sud en septembre 1870 est partie de Rivière-Pilote.
L’essor véritable de la bourgade n’est effectif qu’à la fin du XVIIIème siècle alors que la culture de la canne pour la production de sucre bat son plein. On comptera à cette époque jusqu’à 15 sucreries mais la crise sucrière entrainera leur fermeture progressive au cours des décades suivantes – Seule La Mauny, reconvertie en distillerie, est encore en activité aujourd’hui.
De 1971 à 2000, la commune a eu comme maire Alfred Marie-Jeanne, leader du Mouvement indépendantiste martiniquais, avant qu’il ne devienne député puis président du Conseil régional.